FOLIE DOUCE
-Et les enfants ?
-J’ai des enfants … de cœur.
-Ceux du curé ?
-Non, ceux de ma sœur !
Parti
Parti pris
Pris et rendu
Parti et revenu
Revenu de tout
Du tout et de la partie…
Pas du tout !
Quelle mouche te pique ?
Fine-Mouche prend la mouche,
Fait mouche
Rue mouche
Amanite
Dynamite
Tue vite
Tais-toi
Mouche-toi.
F. MAURIES
LE GANG DES CHATS
Je n’ai jamais compris les chats,
Ni leur travail patient, sournois,
Et leur danse en entrechats
Avec les souris aux abois.
Mais par moments les chats sont là.
La chasse n’est pas toujours bonne.
Ils savent bien que je leur donne
Tout ce qui reste au fond des plats.
Ils arrivent plutôt le soir,
Tous les cinq, et mon Isabelle
Est sans conteste la plus belle ;
Flanquée des gris et des deux noirs.
Ce ne sont pas chats de salon
Et n’entrent pas dans la cuisine.
C’est dans les hangars qu’ils usinent
Et dissimulent leurs chatons.
Ils guettent parfois dans les champs
Quelques mulots pendant des heures,
Tapis au fond de leurs demeures.
Mais ce n’est pas toujours payant !
Mais avec leur regard doré,
Les yeux des chats sont un mystère,
Petits félins de notre terre,
Heureux sans être apprivoisés…
Y. CLAUSS
Je vais t’écrire pour effacer la distance,
T’écrire pour que tu ressentes ma présence,
T’ouvrir une parenthèse dans ce monde agité,
Te donner le vertige auquel on ne peut résister.
Je vais t’écrire très fort ce que je pense,
Et non te dire quelque chose dans l’urgence,
Te dessiner des phrases habillées de rouge sang,
Que prononcent souvent les autres gens.
Je vais t’écrire la musique des silences,
Te faire crier mon nom malgré mes absences,
T’étonner, troubler tes sens par milles désirs,
Faire sonner l’heure de tous les plaisirs.
Au bout de cette plume se ballade l’existence,
Trempée dans un nectar pour se faire semence,
Tu vas cueillir ma missive comme un fruit mûr,
Y découvrir mon sourire dans ton regard azur.
Ecrire par besoin de laisser une trace,
Exister au travers de l’encre qui ne s’efface,
J’ai calligraphié un petit bout de moi en secret,
Que j’ai signé de mes yeux en une pluie de regrets
Christine Pélissou
GRAULHET AU REVOIR
Graulhet, toi qui m’as vu grandir
dans les bras de mon grand-père,
près d’un château sans avenir
aux gros arbres centenaires.
Vestige que j’ai vu partir
pour une école primaire.
Tu as construit tes souvenirs :
l’épopée au fort caractère,
tes berges respiraient le cuir,
ton rugby était prospère.
Tu as connu mille plaisirs
et des saisons de galère.
Sur ton Dadou semble dormir
une étendue de mystères.
Graulhet comment puis-je cueillir
ton cœur qui bat et espère
pour chacun un grand avenir
sous un soleil sans tonnerre.
De toi je ne pourrai guérir
car j’ai trop foulé tes artères,
mais je n’ai aucun devenir :
ce que tu m’offres est austère.
Tu ne me verras pas vieillir ;
Graulhet, pardon d’être amère…
Christine PELISSOU
SI JE SAVAIS...
Si je savais jongler avec le feu des signes,
Avec le sang des mots, les courbes de la ligne,
Si je savais signer d'une étoile mes rimes
Et manier mon archet comme un fleuret d'escrime,
Si je savais créer mille nouvelles fleurs
Avec des doigts graciles d'habile penseur,
Si je savais nouer, tresser, vanner, tisser
Comme sait faire un sphinx au corps de femme ailé,
Si je savais le rythme et le cours merveilleux
Des songes quand la nuit nous entrevoit soucieux,
Si je savais cela, je serais un mensonge
Qui dit la vérité comme l'eau de l'éponge.
Etienne BUSQUETS
PUISQUE...
Puisque tu dois partir et que je dois rester,
Même la rose, amour, est faite pour faner ;
Puisqu'il en est ainsi d'un hiver pour l'été,
D'une nuit pour un jour, d'une mort pour un né ;
Puisqu'il faut t'en aller, que rien ne s'y oppose
Déjà plus, tout est prêt, les affaires rangées,
L'ordonnance réglée, que moi-même, je n'ose
Plus bouger, mon ange, de peur de déranger ;
Puisqu'il en est ainsi de ce sacre morose,
Chacun de nous, un jour, doit être couronné
D'éther d'abord, de terre et puis d'éternité,
Pourquoi alors, dis-moi, je pleure à cette chose ?
Etienne BUSQUETS
ELECTRONIC MIRGA
Clic, clic, es per dobrir...
Qu'es aquela fantastica mirga,
Bruèissa qu'a pas d'huèlh
Amb una uneca pata rutlaira ?
Desengoulitz una charradissa,
I compreni pas res !
Pòt èsser damnes, macarèls ?
Nòstre Sénher, que far ?
N'avià paur, pr'aquo çaquelà
Cresi qu'es en passa de m'amistançar.
Quand arribi a la mestrejar,
Lo det pausat sus son aurelha esquèrra
Clic, clic
En mirga farfadèla se cambia
E me porgìs mondes novèls.
Françoise MAURIÈS
JEUNESSE D'ANTAN
Sur un chemin de campagne
Où s'échelonnent les platanes
Peints des couleurs d'automne
Vont main dans la main
Un couple de vieillards.
A chacun de leurs pas
Leurs yeux se contemplent
Et leurs gestes s'accordent,
Ils donnent l'impression de ne faire qu'un.
Après tant de chemin parcouru ensemble,
Croyant au lendemain,
A cœur ouvert ils sourient à la vie...
De leurs vies,
Ils ont tout donné,
De leurs labeurs
Ils ont crevassé leurs mains.
De leurs rides, ils sont complices.
De leurs amours,
Ils en rougissent encore.
Pour se dire des mots doux,
Des mots d'amours,
Que le vent d'automne ébruite
Çà et là dans la campagne,
Par monts et par vaux...
L'hiver blanchira un peu plus leurs cheveux
A tous les deux...
Mais assis près du feu,
Ils attendent patiemment
Que le printemps face coucou,
Pour reprendre leurs promenades d'antan...
Marie-Christine BARBARO
LE FRANGIPANIER
Cette fleur aux pétales odorants
Est remplie d’un troublant mystère
Qui s’éveille au cœur d’un solitaire
Dans un écrin aux couleurs errantes.
Pourquoi une larme sur ses joues
Colore ce regard mélodieux
De l’approche d’un adieu
Qui s’enflamme comme un bijou.
Au retour des années bleues,
Mon âme me donne le vertige
Comme l’éclat de la grande bleue
Qui me chavire avec prestige.
Geneviève MOULET
L'ABSENTE
Depuis qu’elle est partie aux lueurs du couchant,
Je vis avec le froid, compagnon de ma peine,
L’ardente chaleur d’Août, la mer calme, sereine,
N’ont pas cautérisé ma blessure un instant.
Le souvenir m’étreint de tous ses fils d’argent,
Le cristal de sa voix, son fier regard d’ébène,
Courtisent mon chagrin, l’image souveraine,
D’une belle amitié que parfumait le vent.
Je sens à mes côtés sa présence impalpable,
Mon oreille reçoit en dot inoubliable,
Tous ses mots ciselés de sens et de fraîcheur.
Si loin, mais proche encor’ elle manque à ma vie,
Son étincelle brille et vibre dans mon cœur,
La mort n’a pas détruit le règne de l’amie.
M. GROS
LE VOL DU HERON
Son bec est effilé comme l’est une épée,
Le héron dont le cou se profile et se tend ;
Dérangé dans sa quête, ses ailes en vol heurté
Claquent dans le grand air du matin qu’il pourfend.
Lui le pêcheur figé, le guetteur hiératique,
Le voilà qui s’échappe en cercles concentriques ;
Il délaisse les proies qu’à regret il survole
Et ses cris éraillés sont ses seules paroles…
En le voyant ainsi s’élever dans l’azur,
Je ne peux m’empêcher de songer à la fable :
Il quitte cet étang pour un endroit plus sûr ;
Son vol le guide alors vers une bonne table
Où goujons et rainettes vivent en abondance.
- A moi les vermisseaux, finie la tempérance !
Pierre-Jean ARNAUD
8 septembre 2006
A VENISE
sans rime
ni raison.
Si j’étais le Mont-Blanc,
j’épouserais Venise.
Sillonnant la plaine lombarde,
je m’en irais vers ma promise.
Je me ferais Don Juan
pour séduire Lagune ;
je me ferais Tristan,
bon vent bonne Fortune !
Et que frémisse le Titien,
et que prient les gens de bien
si la Salute et Saint Marc, gonflés de désir,
éclataient de plaisir.
Si j’étais le Mont-Blanc,
je te garderais, Venise.
Laisse donc tes brumes à la Tamise,
tu es si belle
quand le soleil chatouille tes venelles.
Ouvre tes veines
au reflet de mes éternelles.
Tes dentelles noircissent avec le temps…
Venise, attention !
Tes amants ne sont pas prudents :
je suis jaloux du vaporetto
qui te prend.
Si j’étais le Mont-Blanc,
je te corrigerais Venise ;
toi qui d’étrangers
masques tes palais,
et pour un clin d’œil,
pour une image,
te donnes au voleur de passage.
Telle une ville facile,
tu sèches haut tes jupons,
tandis que soupirent les campaniles
et, qu’à tes pieds, les pigeons
par milliers te couvrent de baisers.
Si j’étais le Mont-Blanc,
je te protègerais Venise.
Je me voudrais le rempart de tes secrets
ou bien Orphée et de Mestre te sauver.
Si les artistes te croquaient,
si tes lions me léchaient,
si tes gondoles s’envolaient,
toi ma soumise, je te consolerais.
Venise, tes ponts me sont défendus,
Venise, nos amours ne sont pas permises ;
mais si tes fontaines au clair de lune
osent certaines confidences,
n’oublie pas que mes sources murmurent
la même romance.
Régine Parayre
JOLI MUGUET
Tes gentilles clochettes
D’un blanc immaculé
Sont toujours fin prêtes
Comme les mariés.
Près des larges feuilles,
Parfois, elles se reposent
Avec un air de précieuse
Mais ne sont jamais moroses.
Dans les gentils sous-bois,
C’est là qu’est ton royaume.
Comme fleur, tu es roi
Et ton cœur nous embaume.
Tu donnes gentiment
Ton parfum, ta beauté,
Car tu sais fermement
Que tu seras aimé.
Le son de tes clochettes
Est un air de bonheur ;
Je voudrais qu’il pénètre
Au fond de tous les cœurs.
Si un jour vous recevez
Un petit brin de muguet,
Sûrement vous entendrez
Le chant des bien-aimés.
P. BOGDEL
SUR LA LANDE
Ce n’est rien qu’une croix, une humble croix de pierre
Haut dressée vers le ciel, mais bien ancrée pourtant
A la tourbe ancestrale, où la mauve bruyère
A, quand elle fleurit, un parfum envoûtant.
Epave du passé des Celtes de l’Irlande,
Rongée par le lichen et battue par les vents,
Elle étend, grands ouverts, ses deux bras sur la lande
Où la Mélancolie pèse sur les vivants :
Mélancolie du soir, du soleil qui décline,
Qui vient aux pieds du Christ en ce granit sculpté
Alanguir les derniers rayons de sa clarté,
Tandis que le berger, à travers la colline,
Ramène lentement son troupeau de brebis,
Au son déjà lointain d’un air de son pays.
A. MOUSSIERE
EXPO SEPTEMBRE
De toutes ces photos nous verrons les portraits
De ces hommes et femmes qui ont fait Graulhet,
Laïcs ou religieux, civils ou militaires
D’écoles ou de quartiers, de sports ou de métiers,
De ces lieux de labeur de renommé altière.
Nous trouvons en ces cartes les lieux qui sont Graulhet
Nous pouvons retrouver, sur leurs emplacements,
Les rues et bâtiments qui donnent à la cité
Conservation des axes et maintient des croisements.
Que dire du pont vieux debout sur le Dadou
Lui qui était péage à l’entrée de la ville
Qui a vu son petit train mourir dans sa fumée
Et partir son moulin dans un triste brasier ?
L’eau qui mouille ses pieds ne prend plus la couleur
Du travail des usines lui donnant son odeur,
Trop d’ouvriers ne sont plus au cœur de ces fabriques,
Pas plus que les pinasses n’ont transporté barriques.
Hôtel du Lion d’Or veillant sur les venelles
Aux encorbellements de son vieux Panessac
Et aux deux tours clocher de la grande église
Dominant le château et le Jourdain, sa place.
A un battement d’ailes, typiques de la région
Quelques anciens pigeonniers sont en restauration
Transformés bien souvent depuis leur création
Sont témoins instructifs de cultures en perdition.
Le vieux château de Crins garde toujours sa place
Et dans les alentours restent encore les traces
De constructions anciennes, cabanes, chapelles, églises,
Vestiges d’un passé porteur de ses reliques.
Et si les poteries pouvaient nous raconter
De leur fabrication à leur vie, leurs secrets,
Les bijoux et monnaies viennent aussi confirmer
Que fort de millénaires Graulhet a un passé.
J.P. Aymés
septembre 2011